Okanta

Je sens la chaleur du vent qui fouette mon visage. Une chaleur suffoquante, insurmontable. J'y suis. Je viens d'arriver. J'ai peur d'ouvrir les yeux. Les sensations sont fortes, les émotions me subjugent. Voilà presque 7 mois entiers que je marche. Je suis épuisé mais je sens que ce que je vais bientôt voir sera largement superieure à ma fatigue. Je suis arrivée à Okanta, célèbre ancienne Nouvelle Orléans, complètement ravagée par les dernières bombes. Plus possible d'accès que se soit en hélicoptère ou en voiture. Même la Bugatti 678+, automobile la plus puissante de la planète ne peut l'atteindre. Okanta, citée perdue.


Je sens les débris autours de moi, j'entends les vautours qui rôdent. A partir du moment où j'ai passé la chute de pierre, j'ai fermé les yeux. J'ai suivi la passerelle. Pour pouvoir voir tout d'un seul coup. J'ai marché le long de la passerelle qui s'avancait dans le néan et j'ai fermé les yeux. Maintenant je vais les ouvrirs. Et ce que je verrais changera ma vie à tout jamais...

Je sens Jookie, ma chienne est à mes pieds. Je la sens respirer.




Je m'avance encore d'un ou deux pas histoire de calmer l'enthousiasme et l'extase qui prennent sur moi. Je pose mon sac, et je soulève mes paupières. Le soleil m'éblouhi. Je met ma main au dessus de mes sourcils. J'y suis. Sept mois que je marche pour sa: Un gouffre sans fond. Je suis au bord de l'impact que l'obus à crée et la passerelle s'avance jusqu'au milieu. Les grattes ciels et les batiments semblent jaillirent de l'enfer. Des machines gigantesques mortes et dénuées de vie. Tout est gris, sombre, macabre. Je sens la feraille et le métal froid sous mes pieds. Des corps gisent sur les constructions. Des corps, il y en a partout. Décharnés, décousus, en lambeaux. Les cadavres sont bouffés par les vers et les rats. Tout pu la peste, l'air est sombre, sale, dégeulasse.




Je détache mon regard de ces corps inertes. Devant moi, il y a une forêt.
Une forêt gigantesque et resplendissante. Une forêt comme on n'en voit plus. Verte, naturelle et fraîche. Cette forêt a pris le dessu des machines démentlées. Elle est là, forte, seule et magnifique.

Je me cache dans ce lieu magnifique que j'ai decouvert un an auparavant. Ma soeur à une maison ici. Dans ce lieu coupé du monde extérieur. La maison est entre deux arbre. Elle est moche. L'interieur est délabré, des verres de cognac, des joins à moitié entamés. Je la place dans le meilleur lit que j'ai pour elle. Elle est tellement belle.


Quand la cyborg se reveille, elle grogne, râle. Elle me voit, elle ne dit rien. Elle se contente de baiser la tête. J'attends une parole, une réaction. Elle finit par prendre la parole :
' Où est ENJ594 ? '

Je balaye furtivement la salle des yeux...
Pas d'ENJ594...
L'a t il tuée ?
Cette idée me fait frissonner.
Et moi ? Dois je sagement attendre mon tour ?


Je contemple le visage de celui que je pourrais apeller mon ravisseur.
C'est curieux, il se dégage très peu d'émotion de celui ci.
Il a un chien, qui d'ailleurs m'inspire bien plus confiance que l'être humain qui se tient devant moi à cet instant précis.



Au bout de ces quelques minutes de prise de conscience peu concluante je tourne la tête vers la bète.
"Il est drôle ton chien." Soufflais-je tout en repoussant le museau du quadripède.
C'est amusant cet air surpris qu'il prend lorsqu'on le touche.
Peut ètre que je devrais me méfier de lui, tout comme de l'inconnu qui lui sert de maitre.
Mais non, je n'ai pas peur d'eux.

Je me lève enfin et regarde mon ravisseur droit de les yeux :
"T'es qui toi ?"

" ENJ594 ? Elle va bien, ne t'inquietes pas "



Je réfléchis à ma réponse. ENJ594, j'ai aucune idée de ce qu'elle est devenue. Est elle morte ou vivante? Je m'en fous. Royalement.
La cyborg est bizarre. Elle est trop calme. Elle semble interéssée par Jookie. Elle a des gestes furtifs envers elle. Je ne supporte pas ça. J'ai envi qu'elle me parle, qu'elle me demande des choses. Moi je ne sais pas par ou commencer.

Comme pour répondre à mes attentes, elle prend la parole:
" T'es qui toi ?"

Je ne supporte pas sa question non plus. Je ne sais même pas qui je suis. A travers elle, je me vois differament. Elle n'a pas peur de moi, je le sens.
Je me contente de lui répondre " T'occupes"

Elle parait déçue de ma réponse. Je ne veux pas paraître méchant alors je lui demande rapidement si elle a faim.
" Un cyborg ne mange pas. Pourquoi je suis ici ? Où sommes nous ? Qu'attends tu de moi ? "

Je m'attendais à toutes ces questions...Alors, je prend une chaise et je m'assoie. Je lui raconte tout. De l'étranger à la mort de ma soeur. De sa présence lors des meurtres. Je veux savoir si elle connait le tueur, si elle sait comment je peux le faire souffrir jusqu'à qu'il crève que je puisse reprendre mes voyages, une fois Judie vengée.


" Je le connais pas. Je ne l'avais jamais vu avant"

Mon excitation, mon enthousiasme. Tout ça est frappé en plein coeur.
Je suis perdu, je ne sais plus quoi faire. Je n'ai pas pensé un seule fois à cette possibilité. Je suis un gros con.
Maintenant il faut que je m'occupe d'elle, elle paraît mal en point. Triste. Fatiguée.
Je ne peux pas l'abandonner. Un cyborg peut me servir. Son Q.I me paraît élevé vu tout les objets métalique attirés par sa présence. Je peux en faire quelque chose. J'aimerais créer une auberge pour acceuillir les voyageurs d'Okanta. Elle pourra peut être m'aider ? Elle voudra peut être rester.

Pfffff, Siloe, tu rêves.

Mais que vais je faire d'elle ?

Je ne sais definitivement pas ce que je fais par ici, mais finalement, je ne m'en soucie peu.

Je retourne voir le chien, si j'ai bien compris, il a un nom, Jookie.
Je le taquine, prend sa lourde patte maladroitement et la repose, puis je recommence, machinalement.
Je l'agace je le sens, mais je continue.
Il me lance un regard très agressif.
Je prend ça comme un avertissement.
Je saisis sa patte pour la dernière fois, et la porte à mes lèvres, je l'embrasse et la repose, calmement.
Il parait intrigué.

J'explore l'endroit à quatres pattes, celà ne semble pas au gout du grand "t"occupes"...mais je m'en fiche, je fais comme Jookie.

C'est grand ici, il y a beaucoup de matériaux rouillés inutilisés et pourtant utilisable.

Un vieux bout de métal ce saisis à moi. Il ne semble pas vouloir se détacher.
Je tire des toutes mes forces, mais rien n'y fait.
Je l'adopte.

Je jette un coup d'oeil par la minuscule fenètre d'ou s'échappe quelques rayons lumineux.

"Pourquoi t'as des arbres toi ?"

J'aime qu'elle me pose cette question. J'aime quand les gens envie l'endroit où je me trouve. Oui, moi, j'ai des arbres. J'en ai des tonnes, tout autour de moi. Je te les ferais voir d'ailleurs quand tu voudras. Je t'apprendrais leurs noms et leurs significations. En tant que voyageur, je me suis toujours senti seul. Maintenant elle est là et une force inconnue m'empêche de la chasser. Je ne sais pourquoi elle est autant silencieuse. Je ne sais pas quoi dire, alors je lui raconte ma vie. Mais je crois qu'elle s'en fou. Elle a toujours ses regards furtifs en direction de la nature abondante qui l'attend à l'exterieur. Elle est calme. J'ai l'impression qu'elle se plait ici, que sa vie d'avant, son amie avec qui elle n'est plus ne lui manque pas.

' Je m'ennuyais ' M'a t'elle dit.

Je ne lui explique rien d'autre. Je lui demande juste ce qu'elle compte faire. Si elle veut partir, je ne le retiendrais pas.
Elle ne me répond pas. Elle s'entête à me demander 'pourquoi t'as des arbres toi ? Pourquoi c'est aussi beau ici ? Pourquoi sa sent aussi bon ?'

Alors je la prend par la main, et je l'emmene dehors. Histoire qu'elle voit comment l'ampleur de cette Nature est magnifique.

Dans le petit jardin ou il me conduit, il y a des choses...que je n'aurais jamais imaginé voir un jour.
Toutes ces choses, que les livres nous montre, et que nous ne voyons jamais.
Toutes ces choses, que nous voyons sur ces livres, mais que nous ne sentons jamais.
Toutes ces choses...étaient là.
Des couleurs, magnifiques, chatoyantes, des odeurs sucrées, acide, un vent doux, frais, je ne comprenais pas.

Je lache violemment la main de Tocupe et tout en contemplant la nature qui s'offre à moi, je murmure calmement :

" Tocupe, je ne comprend pas."

Il ne répond pas. De toutes façons, il n'y a rien a répondre. Il se contente de me regarder avec insistance.

Je m'agenouille, et cueille un brin d'herbe, je le range précieusement dans une de mes poches. Je veux absolument créer des arbres chez moi.

Il y a des vrais oiseaux, c'est la première fois que j'en rencontre des comme ça, je suis presque émue.
Je m'approche de l'un d'entre eux, il s'envole.
Moi aussi j'ai des oiseaux, mais des bot...mes birdobot eux, sont très disciplinés, mais j'aime le caractère peureux et voyageur de ceux là.

Je me retourne, souris à Tocupe, et lui saisit la main.