Usine désaféctée

Usine désaféctée

Grande et ancienne bâtisse de ferraille, abandonnée par l'industrie mais adoptée par d'autres...

Aussi fréquentée qu'un centre commercial, l'ancienne usine est divisée en plusieurs parties. Les principales sont le repère principal des S.D.F (et il y en à pas mal) et celui des trafics de prod'.

Je m'engouffre dans cet endroit lugubre.
Là, il n'y a personne.
C'est plutot curieux, d'habitude, il y a beaucoup d'humains sales qui boivent des liquides à forte teneur en alcool.
Les humains sales sont les seuls qui m'adressent directement la parole, ce sont un peu mes seuls amis.
Les humains, apellent les humains sales, des SDF. Je n'aime pas beaucoup ce mot. On dirait un code. Les humains, sales ou pas, ne méritent en rien un code.
Les prostituées aussi, je crois qu'elles font un peu partie de ces humains sales. Elles sont gentilles parfois. Elles sont gentilles avec les hommes surtout.
Les humains sont mystérieux.

Aujourd'hui, personne n'est là.
Je reviendrais peut ètre demain...

Je me force de ne pas penser à elle... Peut-être était-ce la bonne, l'unique... Celle qui aurait pu m'accompagner au quotidien. Je n'avais pourtant rien misé sur elle lors de notre dernière rencontre. Cependant, depuis que Kihya est loin de moi, je me dis que j'ai fait une grosse erreur en la quittant ainsi.

Me voilà encore une fois seul. Ici. Dans cette usine dégueulasse, infesté de gros drogués avides de tout ce qui peut les détruire un peu plus. Une de mes fiertés est de n'avoir jamais pris de prod, mais j'ai fait d'autres choses bien pire.... Je ne suis rien. Je n'ai rien accomplis de remarquable : j'ai arraché des coeurs innocents, j'ai brisé des familles...
Non. Ce n'était pas moi. C'était quelqu'un d'autre, un inconnu. Je le hais, mais il me poursuit où que j'aille. Je suis tellement fatigué...
Je m'endors et rêve, que tu reviennes.
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Dépravée.
Est-ce l’usine ou tout simplement moi ? Je ne sais plus je ne me souviens plus, ma solitude agis comme un étau sur mon cerveau invalide.
Le contact de mes pieds nus sur le sol humide et sale ne me fait même plus frissonner, je crois que le froid est en moi, qu’il imprime ma chair.
Je me souviens de tout pourtant, du goût de la drogue dans ma gorge sèche, le viol.
Dans l’entourage un dormeur attire mon attention, il n’as pas l’air d’un drogué, curieuse je me laisse tomber à son coté dans les restes de ma robe de mariage de velours sombre et sale.

Perdu dans mon sommeil, des cauchemars me hantent. Tout le temps ces mêmes images de meurtres ou fragments de mon enfance qui pourrissent mes nuits. Soudain, une douce odeur d'encens et de tissus usé envahis mes narines; cette senteur, d'une chaleur réconfortante réchauffait mon coeur. Le contraste avec la froideur des lieux me réveilla doucement.

J'ouvris lentement les yeux, éblouis par les premières lumières de l'aube. Une étrange femme se trouvait à mes côtés, dormant comme un ange dans sa robe de mariée. Je la croirais presque sortie tout droit d'un film d'épouvante. Je me lève pour m'approcher de son visage : il est d'une pâleur cadavérique. Du noir souligne ses yeux fermés (de quelle couleur peuvent-ils bien être ?) Ses cheveux châtains foncés font des anglaises à leurs extrémités hormis deux mèches lisses et noires qui longent ses joues.

Je lui souffla dans le cou pour la réveiller. De beaux et grands yeux gris s'ouvrirent...
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Je ne me souvenais pas m’être endormie et pourtant me voila réveillée par l’inconnu d’hier, son souffle chaud dans mon cou me surprends par sa douceur, je ne pensais plus être capable de capter la moindre chaleur, comme si j’avais été une statue de glace aux confins de mon être, une princesse des contes de mon enfance, une petite fille aux allumettes déjà dans les bras de la mort. Je ne m’éloigne pas et lui offre un sourire léger et gratuit, signe d’un simple bien être sans artifice et sans raison particulière.
Dans ma tête, il est moi, perdu mais sans désespoir, je me sens proche de lui sans jamais l’avoir connu.
Ma langue se délie dans ma bouche pâteuse je voudrais lui parler pourtant je ne parviens même pas à raconter quelques banalités, les bonjour, comment allez vous, qui êtes vous me sont impossibles.

Je m'assieds à ses côtés. Que dire ? Rien. Et pourquoi parler d'ailleurs ? Les mots sont inutiles dans ces moments la. Nous nous regardâmes au moins cinq bonnes minutes. Aucune envie de s'exprimer, juste envie d'un parfait silence.
Je finis par fermer les yeux et me laisser tomber par terre, elle en fit de même. Le vide, la tranquillité... C'est tout ce dont nous avions besoin.
Je ne fis pas de cauchemars, ni de rêves. Un sommeil profond, revitalisant comme j'en ai rarement fait.
Après cette belle grasse matinée il était temps de faire connaissance (je remarquai qu'elle s'est réveillée en même temps que moi)
Nous nous levâmes, elle commença la première à parler :
- Après toi...
Je répondis très vite avec l'envie d'en finir avec les présentations :
- Tuomas, assassin, perdu dans un monde qui n'est pas le siens. A toi.
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Rose, assassin et ex future femme mariée qui se demande ce qu’elle va faire de sa vie. Enchantée.
Il me fait rire, il est direct et au moins aussi seul que moi, les formalités des présentations passées, je lui propose de faire un tour et engage la conversation sur un ton léger.
Je lui montre du menton les drogués allongés a même le sol et lui dit que leurs présence me dérange, que je me sent différente d’eux ou encore que je n’ai pas d’autre endroit ou aller. Je rigole en disant que je n’ai aucune cible en vue, pas de boulot en ce moment mais lui promet que si il révèle quoi que se soit sur moi je le tuerais. A mon éclat de rire il me sourit, ses yeux rient pour lui, je ne sais pas ce qu’ils ont ses yeux d’ailleurs, ce sont peut être ces petits plis qui se forment à leurs coin mais ils dégagent une chaleur particulière alors que son regard lui est perçant. Je lève la main et lui effleure le visage, pour toucher son bonheur du bout de mes doigts.

D'un bref geste de la main j'écartai celle de Rose, lui expliquant gentiment que je n'aime pas ce type de contact avec les humains, en général.
- Ce n'est pas contre toi, lui expliquai-je, je suis très pudique, encore plus au premier abord !
Nous descendîmes les cinq étages de l'usine assez vite, ne tenant pas spécialement à parler avec les nombreux dépravés.
Rose s'entrava dans une énorme bouteille d'absynthe, j'eu tout juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne s'étale de tout son long sur le métal froid du bâtiment industriel. Une fois dans mes bras elle me regardait en souriant :
- Merci Tuomas.
J'étais tellement mal à l'aise que je la remis brutalement sur pieds et continua ma route. Elle me rattrapa en trottinant.
- Où allons-nous ? Lui dis-je.
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Sa façon rude de me repousser et son trouble alors que je trébuche éveille ma curiosité, pourquoi un simple contact innocent le met il si mal à l’aise ? Je ne lui pose pas la question et continue en haussant les épaules, ou allons nous ? Pourquoi ne pas sortir de la ville, je n’ai jamais quitté la citée.
« On m’a parlé d’un endroit, mais il faudra marcher quelques jours pour y arriver, maintenant es-tu prêt à faire ce voyage avec moi ? »

Partir de la ville ? Plusieurs jours ? Découvrir de nouvelles choses ? Peut-être que ce voyage marquera grand tournant dans ma vie, c'est tout ce que je souhaite.

- Partons ! Marchons ! Aussi loin que tu le voudras. Fais moi découvrir les beautés ou mêmes les blessures de cette triste terre.

Nous sortîmes de l'usine en riant. J'espère ne pas être déçu...
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L'odeur est insupportable, oulala ça sent la pisse et le caca.
Néanmoins, j'explore les environs parce qu'un clochard aveugle que j'ai rencontré dans le parc m'a parlé d'un truc bizarre. D'après lui, il y aurait dans cette usine abandonnée une sorte de trafic d'organes, dingue.
Je cherche un peu d'argent, je vais donc voir s'il n'y a pas moyen de vendre un rein ou un pied (). Non, en fait, je veux trouver ces bandits, leur mettre une raclée et leur voler leur butin (adrien tu dis ?).
Je passe sous des arcades qui grincent, flippant on se demande si elles ne vont pas s'écraser. La faible lumière qui passe par les nombreux trous de la toitures me donne une idée de l'ampleur des dégâts et du nombre de bactéries certaines que l'on peut trouver ici. En effet, je ne peux compter sur mes mains (ni sur mes pieds woow), le nombre de rats morts qui dégagent un fumée rappelant ce vieux clodo là. Dans un coin, une sorte de paquet noir, du moins à première vue. Je m'approche, donne un petit coup de pied et découvre non sans joie qu'il s'agit sans doute d'un frère ou d'un cousin du bonhomme du parc. Un homme à moitié dévoré par un tas de vermines, le crâne défoncé et infesté de larves grouillantes (miam miam), les jambes ensevelies sous un monticule de matières fécales. Je détourne le regard, l'odeur est trop forte et la vision fort peu amusante. C'est alors que j'entends un bruit. Une sorte de raclement qui vient du vieil escalier se situant légèrement plus loin. Je m'y dirige, silencieusement, aux aguets. En bas de l'escalier, je vois un enfant qui semble être noir, à moins qu'il ne soit très sale. Il me jette un regard inexpressif qui me permet de remarquer que son oeil gauche est tuméfié. Je lui demande ce qu'il fait ici, il me répond dans une langue inconnue de ma personne. J'essaie de me faire comprendre tant bien que mal avec des gestes, il m'observe, sans expression, le regard vide. Une fois ma vaine tentative de compréhension effectuée, il se lève et marche. Je le suis. Il me conduit rapidement dans une petite pièce où je distingue immédiatement un amoncellement de ce qui semble être des organes. En état d'alerte, j'inspecte brièvement la pièce. Le petit enfant continue à marcher et pousse une porte dégondée qui lui tombe sur le pied droit. Ne pouvant avancer plus, il ne crie pas, me fait comprendre qu'il aimerait que je l'aide à soulever la porte. Je m'exécute lui permettant ainsi de retirer son pied complètement écorché et avec un orteil en moins. Il continue pourtant à marcher, sans le moindre bruit, boitant légèrement, les nombreux morceaux de peau trainant par terre le ralentissant. L'inquiétude grandit en moi mais je continue ma marche, déterminé. Après être passé successivement dans divers pièces à travers des trous dans les murs ou des portes, j'entre, précédé du gamin, dans une petite pièce dans laquelle se trouve un homme. Suant, je fais tout pour garder mon sang froid et demande à l'homme dont je ne distingue pas le visage qui il est et ce qu'il fait. Il approche alors une bougie de son visage me permettant d'apercevoir sa face ruinée par la lèpre et par divers infections. Le pus suinte dans ses nombreuses plaies et je me demande s'il va pouvoir parler. Il commence pourtant le dialogue, bref. Il me dit que j'ai deux solutions, la première étant de lui apporter quelque chose d'intéressant, la deuxième de repartir sans jamais parler de cet endroit. Ne réfléchissant pas le moins du monde, je me jette sur lui, projetant la bougie sur les vestiges de ses yeux. La cire abondante et brûlante lui entre dans l'orbite et coule jusque dans sa bouche. Il hurle, crache du sang. L'enfant, quant à lui, reste dans son coin, malgré une flamme qui commence à lui attaquer son pied à demi estropié. Je me saisi alors de la veste de l'homme et de sa serviette posées sur une chaise et m'enfuis.
Je réussis tant bien que mal à sortir de ce bâtiment et, exténué, je fouille le manteau. Je trouve une seringue ainsi qu'un flacon contenant un anesthesiant relativement violent. Dans l'autre poche, il y a quelques pièces. J'ouvre alors la mallette et découvre une liasse de papiers. Je les feuillette et comprend rapidement qu'il s'agissait bel et bien d'un trafic d'organes. Mais, je lis qu'il s'agissait d'enfants orphelins anesthésiés qui avaient pour mission d'opérer des gens clandestinement et pendant leur sommeil, en les endormant également. Ainsi, ces enfants n'avaient plus d'émotions. Le métabolisme d'un enfant étant en effet trop faible pour supporter de grosses doses de ce type de produit, ils étaient en vie mais ne sentaient plus la moindre chose que ce soit sur le plan physique qu'émotionnel. Il s'agissait de vraies bêtes.
Je voit alors le clochard du parc et me dirige vers lui, je lui donne les quelques pièces trouvées dans le manteau ainsi que celui-ci en ayant pris garde de retirer les seringues. Il me remercie et je continue ma route. Il doit être 4h du matin, je jette dans un feu qu'ont fait plusieurs SDF pour se réchauffer la mallette et la seringue.